Valeurs attachées à la religion orthodoxe
Miséricorde , empathie, compassion, soutien et compréhension mutuels
Merab Mamardachvili
Le langage totalitaire et la société totalitaire créent un langage qui exclut le réveil. Tu peux mourir sans jamais découvrir ce qu’était réellement ton sentiment. La pensée par soi-même est remplacée par la pensée à ta place, pour toi. C’est la totalité de l’être qui est ainsi confisquée. Quand j’étais jeune, les gens du Komsomok étaient les gérants du corps social et du mien aussi bien : ils géraient mon corps. Cet assassinat de la pensée a fait advenir une vie d’outre tombe dans une forêt de cadavres debout.
Nostalgie
Les difficultés socio économiques des années 1990 et la restauration officieuse de l’Union Soviétique par Poutine ont produit de la nostalgie. Outre les difficultés d’une vie en vase clos, la puissance largement sur-estimée de la puissance de l’Union Soviétique, célébrée ad noséam, est également regrettée. La perte de l’Europe de l’est, le retour piteux des militaires russes dans les casernes délabrées, l’effondrement des services de l’État, la crise permanente, le désordre ont humilié ceux qui avaient été élevés dans une image collective d’eux-mêmes proche de la mégalomanie.
Principes directeurs d’un nouvel empire
option panslaviste
Dans un élan panslaviste, on voit mal les Tchèques ou les Polonais participer de plein gré à un empire dirigé par la Russie. Un maillon traditionnel de la politique pansalviste russe est la Bulgarie. Membre de l’Otan depuis 2004 et de l’Union européenne depuis 2007, ce pays longtemps protégé par le grand frère russe subit des pressions très fortes depuis la crise ukrainienne.
Dépendante de la Russsie dans les domaines énergétiques, elle est prise entre deux feux. Son intention de se débarrasser de ses avions militaires soviétiques a récemment provoqué des échanges rudes avec la Russie. Une renaissance panslavique pourrait s’effectuer en Bulgarie où la population est toujours divisée entre pro-européens et pro-russes.
Option orthodoxe
Elle écarterait à priori la Pologne, la république Tchèque, les pays baltes, la Slovaquie… majoritairement non orthodoxes, mais permettrait un rapprochement avec les Serbes, Bulgares, Biélorusses, Ukrainiens, Géorginens avec la sympathie des Grecs, Roumains,… Le grand avantage est de disposer d’une idéologie puissante. Depuis son arrivée au pouvoir en 2000, Poutine, en coordination avec le patriarchat de Moscou instrumentalise le christianisme orthodoxe dont il fait son bras armé. Le conformisme religieux est puissant et on punit avec sévérité toute manifestation artistique qui peut paraître transgressive vis à vis de la religion.
Inconvénient : cette option aliénerait toute sles populations musulmanes du pays, sans parler des bouddhistes et des adèptes du chamanisme.
russophones
En 2002, Poutine affirmait que l’écrasante majorité des citoyens de la CEI (Communauté des États Indépendants) considèrent la langue russe comme leur 2ième langue maternelle.
Union eurasiatique
L’idée d’un empire eurasiatique a l’avantage d’accepter en son sein des peuples, langues, religions différents, d’être non nationaliste et matérialiser le refus de l’Occident et la volonté e s’allier à la Chine. La notion est assez floue pour permettre l’inclusion de la Bulgarie, l’Afghanistan.
L’Eurasie, à terme, doit remplacer les États Unis dans le rôle de leader mondial.
Chine et Russie, membres du Conseil de sécurité partagent les principes de souveraineté nationale en Syrie, au Tibet, en Tchétchénie ou ailleurs, critiquent l’Europe en crise, contrent la domination américaine, critiquent les valeurs démocratiques.
Sa vision est de construire un système impérial efficace, moderne et contemporain, fondé sur l’économie de marché. Il ambitionne de mettre sur pied une union économique pour faire concurrence aux grandes puissances économiques du monde.
Novorossia
Les territoires du sud et de l’est ayant été transmis à l’Ukraine en 1920, par l’Union soviétique, le projet consiste à relier la Transnitrie occupée par des pro-russes en reprenant Marioupol et Odessa.
On peut réaliser des anschluss silencieux avec des référendums et des unions volontaires comme en Crimée ou dans des territoires pro-russes tels la Transnitrie, la Biélorussie, le Kazakhstan, Kirghistan ou Arménie associés à l’adoption du rouble par tous ces pays. Membres de l’Otan, les pays baltes sont une cible de choix. Les minorités russes de Lettonie et d’Estonie représentent 25% de la population en 2014 et pourraient être prétexte à une déstabilisation.
Moyen Orient
9 mai 2015, alors que l’exaltation patriotique liée à l’annexion de la Crimée s’essouffle, il organise le 70ème anniversaire de la victoire sur l’Allemagne nazie.
28 septembre 2015 à la tribune de l’ONU, les américains sont accusés de successions d’erreur ayant favorisé l’émergence des révolutions de coleur et arabes, l’apparition de Daech, il soutient Bachar el Assad, exalté par le patriarcat de Moscou qui reconnait Moscou comme protectrice des lieux saints et des cfhrétiens d’Orient.
Après plusieurs incidents, un bombardier russe est abattu en territoire turc conduisant à l’installation de missiles russes en Syrie, interdisant ainsi le survol de la Syrie par la turquie. Antagonisme qui rappelle les guerres qui ont opposé l’empire ottoman à celui des tsars du XVI au XX° siècle.
Nouvelle idéologie identitaire
- Staline, considéré comme une figure du patriotisme, préféré à Lénine, maxiste internationaliste
- la victoire lors de la 2de guerre mondiale
- l’exaltation de la grandeur nationale
- le patriotisme
- l’héroïsme
- l’esprit sacrificiel
- l’académisme culturel
- le conservatisme des mœurs. Mais pas de matérialisme dialectique ni de matérialisme historique.
Idéologie pour le monde et pour l’Europe
Poutine vise à prendre la tête du mouvement conservateur en Europe, opposé à l’homosexualité, à l’athéisme, au cosmopolitisme, à internet et à toute expression de créativité assimilée à un désordre.
Le projet de monde russe consiste à satisfaire les intérêts de ses concitoyens, mais aussi travailler aux intérêts de citoyens d’autres États et d’autres pays pour prétendre au statut de puissance mondiale.
1917, 1920, 1944-1945, une partie des élites est partie.Les dissidents ont suivi en 1970-1980, puis 1990 pour des raisons économiques. En 2000, les jeunes qui partent faire leurs études à l’étranger ne reviennent pas toujours. Pour Poutine, il faut reconquérir les Russes de la dispora.
À la chute de l’Union Soviétique, on propose un passeport russe aux descendants d’émigrés russes qui rêvent de retrouver une place ans leur patrie perdue et fantasmée.
Photos d’anciens propriétaires devant leur propriétés confisquées à la révolution, nouveaux contrats pour les hommes d’affaires, acteurs du monde la culture dignement fêtés.
2007, l’année de la langue russe, nouvelle direction pro-russe du journal « la Pensée russe », tentative de restauration de l’unité ecclésiale
Poutine s’adresse à tous les citoyens européens. Pour lui, l’Europe est en déclin économique et en décadence morale. Il faut l’aider à rester fidèle à ses racines chrétiennes et ses valeurs traditionnelles. Politique trop laxiste sur l’immigration et les homosexuels. Poutine se veut le héraut d’une vague antimoderniste et veut exporter le conservatisme russe. Des instituts de la démocratie et de la coopération ont vu le jour aux États Unis et en France. La Russie veut, à son tour, surveiller les atteintes aux droits humains dans ces pays hypocrites qui se disent irréprochables. Promotion d’études et de programmes pour lutter contre la xénophobie, le racisme, l’extrémisme et le terrorisme, mais aussi, séminaires autour des grands axes de la nouvelle doctrine du Kremlin : défense d’un monde multipolaire contre l’hégémonie américaine, la famille traditionnelle, la ré-information sur la guerre de Syrie, sur les événements en Ukraine. Ses représentants sont régulièrement invités dans les médias pour apporter un contrepoint politiquement incorrect à la propagande occidentale. La guerre de l’information après l’annexion de la Crimée et le soutien des séparatistes en Ukraine.
Liens de plus en plus avec les mouvements d’extrême droite et le Front national qui admire Poutine dont le conseiller diplomatique, Aymeric Chauprade, grand adepte de l’eurasisme fait croire sur la 1ère chaine russe que la France approuve la consultation de la population après l’annexion de la Crimée.
Avril mouvements de troupe russes à la frontière de l’Ukraine et met en évidences les tentatives de l’Occident pour arracher l’Ukraine de la Russie
21 février 2022 Poutine reconnaît les 2 républiques séparatistes du Donbass.
24 février 2022 Poutine est convaincu que les néo-nazis de Kiev menacent la Russie peut-être même avec l’arme nucléaire, les républiques du Donbass demandent l’aide de la Russie. Il décide d’une opération militaire spéciale destinée à protéger des millions de personnes victimes de persécutions et d’un génocide de la part de Kiev en vue de mettre en place un gouvernement et lui faire reconnaître l’annexion de la Crimée et un refus définitif d’adhérer à l’OTAN.
Mais les troupes russes subissent des pertes si importantes que Poutine s’adresse à nouveau à ses compatriotes. Il raconte le sacrifice d’un officier tombé au combat après avoir tout fait pour protéger ses hommes qu’il honore du titre de héros national à titre posthume. Son récit réactive la mythologie soviétique de la grande guerre patriotique.
Chronologie de la guerre en Ukraine
D’après Jeffrey Sachs dans une conférence donnée au parlement européen le 19 février 2025 cité dans le Monde diplomatique avril 2025.
Jean Pierre Chevènement cité par le Monde Diplomatique de juin 2015 confirme certaines des informations de J Sachs.
Voir aussi « Ukraine, pourquoi la crise » sur le monde diplomatique de février 2022
1972 limitation, pour des raisons d’équilibre nucléaire, du développement de la défense antimissile ABM aux Etats-Unis.
9 février 1990 Le secrétaire d’État américain au Kremlin s’engage auprès de Gorbatchev à ce que l’OTAN ne « s’étende pas d’un pouce vers l’est ».
17 mai 1990 Poutine cite des paroles tirées du discours de M. Wörner, alors secrétaire général de l’OTAN, prononcé à Bruxelles : « nous soyons prêts à ne pas déployer les troupes de l’OTAN à l’extérieur du territoire de la RFA, cela donne à l’Union soviétique des garanties sûres de sécurité. »
19 novembre 1990 Le traité sur les forces armées conventionnelles en Europe est signé à Paris. Il fixe le niveau d’armements conventionnels.
26 décembre 1991 Après la chute de l’Union Soviétique, les États Unis sous George Bush père décident l’élargissement de l’OTAN jusqu’à Vladivostok.
été 1993 important mouvement de grève dans le Donbass
mars 1994, référendum consultatif régional soutient le russe comme 2ième langue officielle.
mars 1999 Belgrade est bombardée par l’OTAN sans l’aval de l’Organisation des Nations unies (ONU), empêchant Moscou d’utiliser l’un des derniers instruments de puissance qui lui restent son droit de veto au Conseil de sécurité. Les élites russes, qui ont tant misé sur l’intégration de leur pays à l’Occident, se sentent trahies
1999 La Pologne, la Hongrie et la République Tchèque adhèrent à l’OTAN. La Russie proteste. Primakov, ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie rédige un mémorandum, non publié qui rappelle l’engagement de ne pas étendre l’OTAN à l’est. Les Américains ont publié un contre-mémorandum expliquant que l’extension à l’est ne concernait que l’Allemagne de l’Est. C’est toujours la position des États Unis aujourd’hui.
novembre 1999 le sommet de l’OSCE en Turquie met à jour le niveau d’armements conventionnels depuis l’adhésion de quelques pays à l’OTAN.
11 septembre 2001 Poutine multiplie les gestes de bonne volonté en direction de Washington après les attentats, accepte l’installation provisoire de bases américaines en Asie centrale et ordonne, à la même époque, la fermeture des bases héritées de l’URSS à Cuba, ainsi que le retrait des soldats russes présents au Kosovo. En échange, la Russie souhaite faire accepter par les Occidentaux l’idée que l’espace postsoviétique, qu’elle définit comme son étranger proche, relève de sa sphère de responsabilité.
13 décembre 2001 Washington remet en cause les accords de désarmement nucléaire : les États-Unis se retirent du traité Anti-Ballistic Missile (ABM, 1972)
28 mai 2002 La déclaration de Rome stipule la création du Conseil OTAN-Russie, instance de consultation, de coopération, de décision et d’actions conjointes concernant toute une gamme de questions de sécurité d’intérêt commun. il garantit Moscou que les Occidentaux n’installeraient pas de nouvelles infrastructures militaires permanentes.
2003 l’invasion de l’Irak par les troupes américaines sans l’aval de l’ONU constitue une nouvelle violation du droit international, dénoncée de concert par Paris, Berlin et Moscou. Cette opposition commune des trois principales puissances du continent européen confirme les craintes de Washington des risques qu’un rapprochement russo-européen ferait peser sur l’hégémonie américaine.
2004 les États baltes, la Roumanie, la Bulgarie, la Slovénie et la Slovaquie adhèrent à l’OTAN sous George W Bush. Nouvelle protestation de la Russie.
21 novembre 2004 élection truquée de Ianoukovytch donnant lieu à la révolution Orange sur la place Maïdan.
26 décembre 2004 élection de Iouchtchenko
23 janvier 2005 serment présidentiel de Iouchtchenko qui affirme que « Notre place se trouve au sein de l’Union européenne. Nous ne sommes plus à la lisière de l’Europe. Nous sommes au centre de l’Europe. »
février 2005 signature d’un plan d’action d’entrée de l’Ukraine dans l’Union Européenne par Iouchtchenko
10 février 2007 Lors de la conférence sur la sécurité de Munich, Poutine exprime sa préoccupation : « Il s’avère que l’OTAN a placé ses forces de première ligne à nos frontières, et nous continuons à remplir strictement les obligations du traité et ne réagissons pas du tout à ces actions. Je pense qu’il est évident que l’élargissement de l’OTAN n’a aucun rapport avec la modernisation de l’Alliance elle-même ou avec la garantie de la sécurité en Europe. Au contraire, cela représente une provocation sérieuse qui réduit le niveau de confiance mutuelle. Et nous sommes en droit de nous demander : contre qui cette expansion est-elle destinée ? Et qu’est-il advenu des assurances données par nos partenaires occidentaux après la dissolution du Pacte de Varsovie ? Personne ne se souvient même d’eux. Mais je me permettrai de rappeler à cet auditoire ce qui a été dit. Je voudrais citer le discours du secrétaire général de l’OTAN, M. Manfred Woerner, à Bruxelles le 17 mai 1990. Il avait déclaré à l’époque que : « le fait que nous soyons prêts à ne pas placer une armée de l’OTAN en dehors du territoire allemand donne à l’Union soviétique une garantie ferme de sécurité ».
26 avril 2007 Du fait de l’absence de sa signature par tous les pays, Poutine annonce un moratoire de la Russie sur la limitation des armes conventionnelles en Europe et demande sa ratification par tous les membres de l’OTAN.
avril 2008 Washington exerce une forte pression sur ses alliés européens afin d’entériner la vocation de la Géorgie et de l’Ukraine à intégrer l’OTAN, alors même que la grande majorité des Ukrainiens est alors opposée à une telle adhésion. Dans le même temps, les États-Unis poussent à la reconnaissance de l’indépendance du Kosovo, ce qui constitue une nouvelle violation du droit international, puisqu’il s’agit alors juridiquement d’une province serbe.
3 avril 2008 La Russie s’oppose à l’adhésion de l’Ukraine et la Géorgie à l’OTAN au moment du sommet de l’OTAN à Bucarest.
août 2008 La guerre éclate entre Tbilissi et Moscou.
février 2010 élection de Ianoukovytch reconnue comme répondant aux standards démocratiques.
2010 mise en place d’une Union douanière entre Russie, Biélorussie et Kazakhstan à laquelle l’Ukraine refuse d’adhérer.
juillet 2012 signature d’un accord préliminaire d’entrée dans l’UE par Ianoukovytch
2012 3ième élection de Poutine à la présidence de la Russie malgré des manifestations importantes contre des fraudes.
février 2013 accord préalable à la signature d’un traité d’entrée de l’Ukraine dans l’UE prévu pour l’automne.
21 novembre 2013 suspension des préparatifs à la signature de l’entrée de l’Ukraine dans l’Europe, suite aux restrictions russes des importations pendant l’été et l’automne 2013.
24 novembre-1 et 8 décembre 2013 manifestations Euromaïdan contre le régime autoritaire de Ianoukovytch et contre-manifestations dans le sud et l’est du pays. L’Euromaïden a été encouragée sur place par les multiples visites de responsables européens, mais surtout américains, souvent éminents, notamment Mme Victoria Nuland, secrétaire d’Etat adjointe américaine pour l’Europe et l’Eurasie, le sénateur américain John McCain ou le ministre allemand des affaires étrangères Guido Westerwelle. Le service d’ordre était assuré pour l’essentiel par des organisations d’extrême droite
janvier 2014 restriction du droit de manifester.
18-20 février affrontements faisant une centaine de morts.
22 février 2014 Ianoukovytch est déchu de ses fonctions par le parlement
23 février 2014 suspension des droits étendus à la langue russe dans certaines régions datant de Ianoukovytch. La participation de plusieurs membres de partis nationalistes à la révolution pousse la Russie à définir le nouveau gouvernement dans son ensemble comme fasciste. Le FMI, la Banque Mondiale, les États Unis et l’UE accordèrent de nombreux crédits qui poussèrent la Russie à dénoncer l’ingérence des politiciens occidentaux. Le changement de pouvoir à Kyiv devenait pour Moscou « le coup d’État d’une junte fasciste » et un complot contre la Russie ourdi par l’occident.
fin février Fin des Jeux olympiques de Sotchi
février et mars 2014 invasion de la Crimée par la Russie
18 mars 2014 rattachement de la Crimée à la Russie
21 mars entrée en vigueur de l’accord d’association avec l’UE
avril 2014 et décembre 2021, dans la région du Donbass, au cours de la guerre civile entre l’armée ukrainienne et les combattants séparatistes. Parmi ces victimes, on recense plus de 3 400 civils, contre 4 400 membres des forces de Kiev et 6 500 miliciens prorusses.
5 mai 2014 Jean Pierre Chevènement rencontre Poutine à la demande de F. Hollande. Selon Chevènement, Poutine serait prêt à circonscrire le conflit. Il encourageait les régions russophones à trouver une solution à leurs problèmes à l’intérieur de l’Ukraine.
10 mai, M. François Hollande et Mme Angela Merkel évoquaient, à Berlin, une décentralisation de l’Ukraine à inscrire dans sa Constitution.
25 mai, le président Petro Porochenko est élu et immédiatement reconnu par Moscou.
6 juin le « format de Normandie » (Allemagne, France, Russie, Ukraine) est ébauché. La crise paraissait pouvoir être résorbée pacifiquement.
juillet 2014 premières sanctions des États Unis contre la Russie
été 2014 Kiev lance vers les « républiques autoproclamées » une « opération antiterroriste », qui dresse contre elles la population du Donbass. L’affaire tourne court du fait du délitement de l’armée ukrainienne, malgré le soutien de « bataillons de volontaires » pro-Maïdan.
5 septembre 2014 le protocole de Minsk prévoit un cessez le feu dans le Donbass
11 septembre, des sanctions sévères commencent à être mises en œuvre par les Etats-Unis et par l’Union européenne, officiellement pour garantir l’application du cessez-le-feu. Par le canal des banques, tétanisées par les sanctions américaines, le commerce eurorusse va se trouver progressivement freiné sinon paralysé. La Russie décrète des contre-sanctions dans le domaine alimentaire et se tourne vers les « émergents », particulièrement vers la Chine, pour diversifier son commerce extérieur et ses coopérations industrielles. Les cours du brut s’effondrent. Le rouble dévisse.
Fin 2014 Kiev lance une seconde offensive militaire, qui finit par échouer comme la première.
9 novembre 2014 à Berlin, M. Mikhaïl Gorbatchev considère que l’Occident, depuis 1991, a traité injustement la Russie comme un pays vaincu, alors que le peuple russe est un grand peuple évidemment européen.
11 février 2015 Grâce à l’initiative des chefs d’Etat réunis par M.Hollande, un nouvel accord, dit « Minsk II » réunit Ukraine, Russie, France, Allemagne et les républiques populaires autoproclamées de Donetsk et de Lougansk. Il prévoit l’arrêt des combats contre l’engagement des différentes parties sur une feuille de route en treize points.
15 février 2015 l’accord de cessez le feu dans le Donbass est conclu
Le Parlement ukrainien vote d’une loi électorale, élections locales dans le Donbass, réforme constitutionnelle, loi de décentralisation, nouvelles élections, et enfin récupération par Kiev du contrôle de sa frontière avec la Russie.
17 mars le Parlement ukrainien adopte un texte faisant du « retrait des groupes armés » un préalable.
28 avril 2015 Mme Merkel annonce que les sanctions européennes seraient probablement reconduites fin juin.
8 novembre 2016 élection de Trump
7 février 2019, les députés ukrainiens interdisent à toute personne de nationalité russe de participer à l’observation de l’élection présidentielle en Ukraine
20 mai 2019 élection de Vlodymyr Zelensky
20 janvier 2015 élection de Biden
décembre 2021 ultimatum russe aux États Unis et à l’OTAN pour obtenir des garanties de sécurité dans le contexte du rassemblement de troupes russes à la frontière ukrainienne : garantie de non adhésion de l’Ukraine et la Géorgie à l’OTAN et refus de toute activité militaire en Europe de l’est, Ukraine, Caucase, Asie centrale.
janvier 2022 Antony Blinken aurait dit au ministre des affaires étrangères russe Sergueï Lavrov que son pays se réservait le droit d’installer des systèmes de missiles en Ukraine.
26 janvier 2022 les États-Unis et l’OTAN ont rejeté les principales demandes de la Russie concernant les garanties de sécurité. L’alliance n’a pas l’intention de renoncer à sa politique de « portes ouvertes », car elle considère que les pays ont le droit de choisir leurs alliances et les moyens de garantir leur sécurité de manière indépendante. Le document ne mentionne rien sur la volonté de retirer les forces à des positions antérieures et de fournir à la Russie des garanties contre le déploiement de moyens offensifs nulle part. Au contraire, il contient de nombreuses demandes réciproques à la Russie.
1 février 2022 Poutine déclare « Nous n’avons pas vu de prise en compte adéquate de nos trois principales exigences concernant la non-expansion de l’OTAN, le refus de déployer des systèmes d’armes offensifs près des frontières russes, ainsi que le retour de l’infrastructure militaire de l’alliance en Europe à l’état de 1997, lorsque l’acte fondateur Russie — OTAN a été signé ».
4 février 2022 Poutine et Xi Jinping réaffirment que l’amitié entre les deux États n’a pas de limites, il n’y a pas de domaines de coopération “interdits”, le renforcement de la coopération stratégique bilatérale n’est pas dirigé contre des pays tiers. La Russie et la Chine publient une déclaration commune, dans laquelle les deux États s’opposent à toute expansion ultérieure de l’OTAN, condamnent « les tentatives de certains États d’imposer leurs standards démocratiques à d’autres pays » et confirment que « Taïwan est une partie intégrante de la Chine »
24 février la Russie envahit l’Ukraine.
20 janvier 2025 élection de Trump
Réflexions de JP Chevènement
Une guerre par procuration se déroule sur le terrain. Elle oppose d’une part l’armée ukrainienne et les « bataillons de volontaires » soutenus par les Etats-Unis et leurs alliés, et d’autre part les milices dites « séparatistes », qui trouvent leur appui d’abord dans la population de l’Est russophone et, bien sûr, dans une aide russe parée aux couleurs de l’aide humanitaire. La poursuite de ce conflit peut conduire à faire de l’Ukraine un brandon de discorde durable entre l’Union européenne et la Russie. A travers une véritable croisade idéologique largement relayée, Washington cherche à la fois à isoler la Russie et à resserrer son contrôle sur le reste de l’Europe.
Les hérauts d’une nouvelle guerre froide nous décrivent la Russie comme une dictature fondamentalement hostile aux valeurs universelles et qui aspirerait à reconstituer l’URSS. Pour ceux qui connaissent la Russie d’aujourd’hui, cette description est outrée, voire caricaturale. La popularité de M. Poutine tient à la fois au redressement économique qu’il a su opérer dans un pays qui avait perdu la moitié de son produit intérieur brut dans les années 1990 et au coup d’arrêt qu’il a su donner à la désagrégation de l’Etat. Son projet n’est pas impérial, mais national. C’est un projet de modernisation de la Russie, étant donné bien évidemment que celle-ci, comme tout Etat, a des intérêts normaux de sécurité.
On peut évidemment tenter de ranimer de vieilles peurs : il en est qui prennent Le Pirée pour un homme (3) et M. Poutine pour un pays. La Russie est en fait en pleine transformation. Sa société est marquée par la montée de couches moyennes nombreuses, qui contestaient souvent le retour de M. Poutine au pouvoir en 2012, mais qui lui semblent aujourd’hui ralliées. Même M. Mikhaïl Gorbatchev considère que l’Occident, depuis 1991, a traité injustement la Russie comme un pays vaincu, alors que le peuple russe est un grand peuple évidemment européen (4). Est gommé le fait qu’il a payé le tribut le plus lourd dans la guerre contre l’Allemagne nazie. Nous assistons ainsi à une véritable réécriture de l’histoire, comme si l’anticommunisme devait éternellement survivre au communisme.